Sa petite enfance est vraisemblablement similaire à celle
des enfants de l'époque, dont il s'inspire sans doute pour décrire celle de Gargantua :
« c'est à savoir : à boire, manger et
dormir ; à manger, dormir et boire; à dormir, boire et manger. Toujours se
vautrait par les fanges, se mascarait le nez, se chauffourait le visage,
éculait ses souliers, bâillait aux mouches et courait volontiers après les
papillons,… patrouillait en tout lieu… Les petits chiens de son père mangeaient
dans son écuelle. »
Vers l'âge de neuf ou dix ans, l'enfant est envoyé non
loin de la Devinière, au village de Seuilly, où se trouve l'Abbaye de Seuilly dont un Guillaume Rabelais est tenancier une
quarantaine d'années auparavant, qui conserve des relations avec la famille du
jeune François. La volonté des parents n'est pas connue : peut-être l'y
ont-ils envoyé pour consacrer à Dieu leur dernier-né et le faire moine, ou tout
simplement pour l'instruire, ou peut-être encore sa mère est-elle morte en
couche comme son personnage de Badebec mettant au monde Pantagruel.
Rabelais écrira bien plus tard sur les mères qui
destinent dès le bas âge leurs enfants au cloître :
« Je m'ébahis qu'elles les portent neuf mois en
leurs flancs, vu qu'en leurs maisons elles ne peuvent les porter ni souffrir
neuf ans, non pas sept le plus souvent, et, leur mettant une aube seulement sur
la robe et leur coupant je ne sais combien de cheveux sur le sommet de la tête,
et avec certaines paroles, les font devenir oiseaux. »
Il explique également l'une des raisons les plus
fréquentes poussant les parents à mettre leurs enfants en religion, à savoir
l'incapacité des moines à hériter :
« Aussi, quand, dans quelque noble maison, il y a
trop d'enfants soit mâles, soit femelles, de sorte que, si chacun recevait sa
part de l'héritage paternel, comme la raison le veut, la nature l'ordonne et
Dieu le commande, les biens de la maison seraient épuisés, les parents se
déchargent de leurs enfants en les faisant clergaux. »
À Seuilly, un jeune moine nommé Buinart l'étonne par un
sens droit et simple, un cœur inébranlable et un poing robuste, et dont il fait
plus tard Frère Jean des Entommeures — en ajoutant à la nature. Mais, s'il est vrai que Frère Buinart se fâcha
de la peinture, c'est qu'il est simple d'esprit, ou qu'il en juge par ouïdire
et sur l'avis des malveillants.
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