Courants littéraires
La
Pléiade
XVIe siècle
La Pléiade est avant tout un mythe : un mythe organisé et
orchestré par un groupe de jeunes poètes — et tout particulièrement par Ronsard — désireux de se présenter comme l’avenir de la
poésie dans une France dépourvue de tradition littéraire. Mythe au demeurant
fragile, car, en dépit d’un certain nombre de points communs, les membres de la
Pléiade ont des personnes très différentes et s’engagent assez tôt sur des
voies divergentes, donnant orientation particulière à l’ambition initiale.
À l’origine, il
y a deux groupes : celui du Collège de Coqueret, et celui du Collège de
Boncourt ; dans les deux établissements, des jeunes gens ambitieux apprennent
le grec et s’imprègnent des théories humanistes.
Le groupe Coqueret, rassemblé autour de Ronsard et Du Bellay, se donne d’abord le nom de « Brigade », se reconnaissant par là comme la
nouvelle génération poétique. Puis, Ronsard se plaira à y distinguer une « Pléiade » de poètes, c’est-à-dire un groupe
privilégié de sept individus censés se partager les divers genres poétiques.
Mais cette liste des « étoiles » évoluera…
Le grand
principe sur lequel repose la théorie littéraire que s’efforcent mettre en
place les membres de la Pléiade est celui de l’« imitation » des lettres
antiques, pour lesquels tous nourrissent un véritable culte. Il faut
lutter contre le « monstre ignorance », en s’imprégnant des textes de
l’Antiquité, aussi bien que des poètes contemporains, italiens et néo-latins,
et en les imitant librement. Les poètes de la Pléiade s’imitent également entre
eux, et presque tous viendront à imiter avant tout Ronsard…
Il ne s’agit pas
de se laisser enfermer dans le cadre d’une culture figée, mais de faire revivre
la littérature que l’on étudie, et d’en explorer toutes les possibilités :
la Pléiade aborde tous les genres, de l’épopée aux
formes brèves, tous les styles (sublime, moyen, bas), et tous les
tons (du tragique au
familier). On ne s’approprie le texte d’autrui que pour mieux le recréer, plus
beau, plus parfait, plus proche de l’idéal — de l’Idée de la poésie. Car, à
l’origine du moins, le platonisme est
encore présent dans la conception nouvelle de la littérature que mettent en
place les jeunes poètes.
L’inspiration est
l’une des clés de voûte des théories de la Pléiade : alors que toute cette
génération de poètes consacre une grande attention au travail de langue et du
vers, et ne se fie pas à la nature, son maître-mot reste l’« enthousiasme », la « fureur » divine à
laquelle le poète est censé s’abandonner s’il veut composer une œuvre de
mérite. Cette conception nouvelle de la création poétique souligne l’importance
des poètes dans la société, et va de pair avec l’idée qu’ils se font du métier
d’écrivain : ce qui est en jeu pour tous, c’est la gloire, c’est l’immortalité que l’on ne peut acquérir que grâce
à l’œuvre poétique.
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